Quel regard de la Centrafrique sur la peine de mort ?

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15 oct 2012

Quel regard de la Centrafrique sur la peine de mort ?

Ils étaient des centaines de personnes à avoir pris part à la célébration, le 10 octobre, à l'Alliance française de Bangui (AFB), au 10ème anniversaire de la Journée mondiale contre la peine de mort, organisée autour du thème « Regard centrafricain sur la peine de mort ».

Initiée par le Réseau des ONG des Droits de l'Homme (RONGDH) en partenariat avec l'Ambassade de France, l'Union Européenne (UE) et le Bureau Intégré des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix en République centrafricaine (BINUCA), la cérémonie a vu la présence de l'Ambassadeur de France, Serge Mucetti, du Chef de la Délégation de l'UE, Guy Samzun, et du Directeur de Cabinet de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Centrafrique, Baboucarr Jagne.

Au nombre des activités qui ont émaillé la célébration figurent une exposition sur l'« Eclairage historique et littéraire sur une peine sombre », faite par des élèves du Lycée Charles De Gaulle, et le visionnage de documentaires, tels celui présentant les points de vue des élèves par rapport à ce type de peine. Un autre court métrage, réalisé par les étudiants de l'Université de Bangui, a, lui, été consacré aux différentes interprétations qui sont faites de la peine de mort. Les participants ont aussi eu l'occasion de suivre la réaction d'un échantillon de la population et des professionnels de la justice par rapport à l'exécution de la peine de mort en RCA et ses conséquences sur la société.

Autre moment forts, la projection du discours du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, à l'occasion du colloque « Moving away from the death Penalty » en juillet 2012 à New York, suivi par le les interventions de l'ex-Premier ministre d'Espagne, José Luis Zapatero, à l'occasion du 4ème congrès mondial contre la peine de mort et de l'ancien ministre français de la Justice, Robert Badinter, à l'Assemblée Nationale française, dans le cadre du projet de loi qui a conduit à l'abolition de la peine de mort en France.

Le public a également eu droit au monologue de Jeremy Irons produit par Amnesty International. Celui-ci souligne que « la peine de mort n'est jamais à accepter, et tout le monde doit être jugé par rapport aux droits de l'homme ». Dans un échange interactif entre participants et membres d'un panel, composé, entre autres, par la Présidente du RONGDH, Me Edith Douzima Lawson, et le Président de l'Action des Chrétiens pour l'Abolition de la torture et la peine de mort (ACAT-RCA), Bruno Hyacinthe Gbiegba, des éclaircissements ont été apportés sur l'application de la peine de mort, ses conséquences psychologiques et l'évolution de la loi en Centrafrique par rapport à cette peine.

Comme le fait valoir le Magistrat Gervais Ngovon, « le fait de penser qu'il faut tuer celui qui a tué revient à appliquer la loi du talion alors que la loi a déjà tracé la voie à suivre ». Et selon le Président de l'Action des Chrétiens pour l'Abolition de la torture et la peine de mort (ACAT-RCA), Me Bruno Hyacinthe Gbiegba, « ôter la vie du bourreau ne ramène pas à la vie la victime et la RCA se doit de se conformer aux lois internationales qui abolissent la peine de mort ».

A la lumière des différentes présentations qu'il a suivi, Emery Bomba, élève au Lycée Charles De Gaulle, a indiqué: « j'en déduis que cela n'est absolument pas une pratique à encourager, surtout dans un pays qui se veut démocratique. Il est donc urgent pour la RCA de retirer cette peine de son Code pénal». Déjà, le Gouvernement centrafricain a mis en place un comité en charge de la relecture de la loi par rapport à la peine de mort en Centrafrique. Ledit Comité vient de soumettre un projet de loi qui devrait aboutir à l'abolition de la peine de mort en Centrafrique.

Le BINUCA, par le biais de sa Section de Droits de l'Homme et Justice, appuie le Gouvernement dans la protection et la promotion des droits de l'homme, de l'Etat de Droit, de la justice et de la lutte contre l'impunité.