Les groupes armés installent la Centrafrique dans l’insécurité ( PANA)

12 sep 2013

Les groupes armés installent la Centrafrique dans l’insécurité ( PANA)

Bria, Centrafrique (PANA) - Le Bureau intégré des Nations unies pour la Consolidation de la paix en République centrafricaine (BINUCA) qui avait tiré la sonnette d'alarme au sujet de la situation sécuritaire de plus en plus inquiétante en Centrafrique, entreprend des tournées dans les régions touchées par les violences, dans le but d'écouter les populations, s'imprégner de leurs difficultés et envisager les moyens de les accompagner.

Il convient de rappeler que la situation sécuritaire dans ce pays s'était dégradée ces derniers mois, au point que le chef de l'Etat français, François Hollande, avait mis en garde contre la « somalisation de la Centrafrique » et avait promis de soumettre un projet de résolution à l'adoption de l'Organisation des Nations unies.

Le BINUCA qui, à l'époque, faisait état "d'affrontements meurtriers entre des groupes armés et les populations, notamment à Bohong, dans la Nana-Mambéré, dans la région de Paoua, dans l'Ouham-Pendé et à Boda, dans la Lobaye, s'est rendu début septembre à 589 km de Bangui la capitale, à Bria, une ville de 43.000 habitants, aux bâtisses en terre battue recouvertes, les unes de tôles, les autres de paille, et par ailleurs chef-lieu de la Haute Kotto. .

Là, le Représentant du Secrétaire général de l'ONU, le général Babacar Gaye, à la tête d'une délégation du Système des Nations unies en République centrafricaine, s'est vite rendu à l'évidence de l'importance du problème sécuritaire pour ses interlocuteurs parmi lesquels des représentants des forces de sécurité, des associations de femmes, de la jeunesse, des autorités administratives, des chefs religieux, des déplacés et des agences humanitaires.

En effet, dans le Haut Kotto, les auteurs de l'insécurité ne sont autres que les « Tongo-Tongo » ou l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony, qui « attaquent les populations civiles, les braquent, les pillent, les violent, les violentent, les tuent, souvent, de la pire des manières », rapporte un communiqué du BINUCA qui précise : « ici l'horreur infligée à des civils est immense ».

Ces hors-la-loi règnent en maitres dans les villages qu'ils occupent, obligeant leurs habitants à trouver refuges dans d'autres agglomérations si ce n'est dans la brousse, faisant de la ville de Bria une localité d'accueil de personnes déplacées dont l'effectif a atteint les 8000 déplacés, trop lourd pour la ville, à en croire ses autorités administratives.

Bria et ses habitants gardent aussi les stigmates de conflits internes et tribaux, comme celui ayant opposé, entre septembre et octobre 2011, deux groupes rebelles, la Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP) et l'Union des Forces Démocratiques pour le Rassemblement (UFDR) par leurs tribus interposées, respectivement les Rungas et les Gulas, résultant en de « nombreuses pertes en vies humaines, dégâts matériels importants et l'effondrement de l'économie de la région, sans oublier des milliers de déplacés », rapporte-t-on.

Mais, selon toute vraisemblance, l'heure de la sécurité n'a pas encore sonné pour la Haute-Kotto, ni d'ailleurs pour la quasi-totalité des autres préfectures du pays, au regard du dispositif de sécurité mis en place et qui se résume à deux gendarmes aux attributions peu claires, un commissariat sans effectifs depuis belles lurettes, laissant le beau rôle au contingent du Séléka commandé par le colonel Ousta Ali, qui ne s'exprime qu'en Arabe, à part le « Sango », la langue locale.

Ce contingent « Séléka » dont dépend la sécurité de toute la région s'élèverait à 218 éléments, au nombre desquels Anastasia, 25 ans, une des trois femmes de l'équipe, arbore le grade de capitaine, tout comme Adam, 20 ans, fusil en bandoulière et un français hésitant pour indiquer que les autres frères d'armes furent, soit des commerçants, soit des ouvriers, certainement dans les mines de diamants de cette ville également dénommée «Bria La scintillante », probablement à cause de sa richesse en ces pierres aux mille reflets, précieuses et ...éternelles.

-0- PANA PI (Pierrette Ikavi)/SSB 12septembre2013