Résolution 1325 : des déplacées de Rafai partagent leurs vécus avec des parlementaires

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20 déc 2012

Résolution 1325 : des déplacées de Rafai partagent leurs vécus avec des parlementaires

Le Bureau Intégré des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix en Centrafrique (BINUCA), à travers son Unité Genre, a organisé, le 23 juillet à Rafai (Est), en partenariat avec l'ONU-Femme, une table ronde ayant réuni des femmes déplacées de ladite localité et des femmes parlementaires. Cette activité s'inscrit dans le cadre d'une Journée Portes-ouvertes initiée autour de la Résolution 1325, avec pour objectif de permettre aux femmes de ladite localité de lever le voile sur leurs difficultés quotidiennes.

Le site des personnes déplacées d'Agoumar (5 Km de Rafai) a servi de cadre pour ladite activité qui a vu la présence de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Centrafrique et Chef du BINUCA, Mme Margaret Vogt, des Représentants résidents de l'OMS, Zacharia Maiga, et de la FAO, Mme Rokhaya Daba Fall, ainsi que des représentants du HCR, de l'UNFPA, d'OCHA et du PAM. Le Gouvernement y a été représenté par la ministre des Affaires sociales et de la promotion du Genre, Mme Marguerite Pétro Koni Zézé.

Dans son propos de circonstance, le maire de Rafai, David Ngama, a fait part de sa gratitude envers les Nations Unies et le Gouvernement pour avoir pensé à la population de Rafai, et rappelé que « suite aux exactions des éléments de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA), Agoumar a été le théâtre de massacres qui ont fait de nombreuses victimes, la plupart étant des femmes».

C'est pourquoi, tout en remerciant les autorités locales et les organisations humanitaires qui ont œuvré pour la réussite de cette activité, Mme Margaret Vogt a souligné que cette journée, la première du genre en Centrafrique, vise à mettre en exergue les défis auxquels les femmes font face, sans oublier leurs contributions aux efforts de résolution des conflits et de consolidation de la paix. « Votre présence de ce camp témoigne de la brutalité que vous impose la LRA. Je suis confiante que la mobilisation nationale et internationale, civile et militaire en cours contribuera à restaurer la sécurité et la paix », a dit Mme Vogt à l'égard des déplacées.

Autre intervenante, la présidente des femmes déplacées de Rafai, Mme Dipaenvo Dénise, qui a lancé un appel à toutes les femmes de Centrafrique et aux autorités nationales en faveur d'un soutien aux femmes de Rafai qui souffrent des exactions répétées de la LRA. « Les tongo-tongo nous ont tout prit. Ils ont capturé nos parents, tuant nombre d'entre eux. On ne peut plus vaquer à nos occupations quotidiennes, telles aller au champ, à la chasse ou à la pêche, et cela nous appauvrit davantage, sans oublier que les enfants doivent aller à l'école (...) Nous dormons à même le sol, sommes exposés au paludisme, et nos enfants meurent entre nos mains ». Au nom des jeunes filles de Rafai, Melle Senguio Evodie, a, elle, fait valoir que « l'avenir des jeunes filles de la localité est rendue incertaine à cause de besoins, car ceux-ci manquent de tout ».

La rencontre a aussi recueilli des témoignages de victimes de la LRA, telles D. A. « J'ai été kidnappée par les éléments de la LRA (...) Et si ta tête ne leur plait pas, ils t'abattent tout simplement à coups de machette ou de fusil. J'ai été frappée à plusieurs reprises parce que je me suis plainte du poids de bagages que je devais transporter, sans oublier que j'ai été violée. Et pour cela, mon mari dit ne plus vouloir vivre avec moi. J'ai donc été répudiée, me retrouvant à la charge de mes parents avec mes enfants. Pire encore, je suis stigmatisée par mon entourage».

Au nombre de leurs doléances, les femmes de Rafai ont demandé au Gouvernement de renforcer la sécurité dans leur localité, de pourvoir à leurs besoins de base et de développer en leur faveur un programme de planning familial, de doter l'unique hôpital de la localité de médicaments (surtout ceux contre le paludisme), de personnel et d'ambulance. Il a aussi été question de réactiver l'alphabétisation, de prendre en charge les orphelins, les veuves et les personnes libérées, tout en œuvrant à la libération des personnes kidnappées.

Au nom de ses consœurs, Mme Beatrice Epaye, député de Markounda, a exprimé sa reconnaissance au BINUCA et à l'ONU-Femme pour cette activité combien nécessaire, rappelant que « ces filles et sœurs d'Agoumar ont vu leurs filles enlevées pour être des esclaves sexuelles, leurs garçons mineurs enlevés pour être enrôler comme enfants soldats, leurs maris tués car voulant défendre leurs familles. En tant que femmes parlementaires, nous sommes venues pour qu'ensemble nous puissions œuvrer pour la mise en œuvre effective de la Résolution 1325 en République Centrafricaine ».

Occasion pour Mme Epaye de demander que la table ronde permette aussi d'« attirer l'attention de la communauté nationale et internationale sur le fait que les bandits de la LRA doivent un jour rendre compte devant la Justice internationale pour les actes commis à l'égard de la population centrafricaine, des femmes et des filles en particulier ».

« En tant que ministre des Affaires sociales et de la promotion du Genre, je vous informe que nous allons mettre en place, ensemble avec votre concours, un plan d'action de la Résolution 1325 en République Centrafricaine. Le Gouvernement va se battre, avec l'aide de ses partenaires, pour réparer le BAC et la mise en place de l'alphabétisation fonctionnelle. Autre promesse de la ministre aux femmes « mon Département va aussi déployer d'efforts pour rendre effective la loi sur la parité homme-femme et la représentativité des femmes dans les instances de prise de décision », a dit, pour sa part, la ministre Pétro Koni Zézé a dit qu'.

Rappelons que la Journée Portes-ouvertes a été lancée par le Secrétaire général des Nations Unies en 2010 lors de la commémoration du 10ème anniversaire de la Résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité.