RCA : Les femmes à la merci des éléments armés dans l'arrière-pays (PANA)

12 sep 2013

RCA : Les femmes à la merci des éléments armés dans l'arrière-pays (PANA)

Bangui, Centrafrique (PANA) - Les exactions perpétrées par les groupes armés contre les populations civiles centrafricaines ne transparaissent guère des discussions organisées , début septembre, avec la population de la ville de Bria, chef-lieu de la Préfecture de Haut Kotto, dans le cadre de la tournée effectuée dans la région par une délégation du Système des Nations unies conduite par le Représentant du Secrétaire général de l'ONU, le général Babacar Gaye.

Officiellement, tout va bien entre la population de Bria et le Séléka, groupe armé qui s'est rendu maître de la RCA, depuis l'éviction en mars 2013 du président François Bozizé du pouvoir . Mais loin des regards intimidateurs, des langues se délient volontairement, livrant les graves atteintes auxquelles sont soumises les populations, notamment les femmes.

F.A, 33 ans et déjà mère de 9 enfants, porte encore les séquelles d'un viol dont elle a été victime de la part d'un élément du Seleka, à l'issue duquel elle s'est retrouvée avec une grossesse, provoquant ainsi une situation insupportable pour son conjoint qui s'est rapidement consolé dans les bras d'une autre femme, comme pour laver ce déshonneur dont une femme violée entache son mari.

Aujourd'hui, le regard livide, F.A dit souffrir, en permanence, de pertes de sang dues à des complications survenues lorsqu'il avait fallu se débarrasser de cette grossesse non désirée, avec les moyens de bord. Désormais F.A est seule à élever ses 9 progénitures, une tache pénible à accomplir au moyen de son commerce de bois de chauffe, dans un environnement dénué de l'essentiel.

Absence de structures sanitaires, difficultés d'accès aux populations ayant trouvé refuge dans la brousse, taux de mortalité maternelle et infantile élevé, la malnutrition, rareté de l'eau potable, taux élevé de la prévalence VIH, surtout au sein de la jeunesse, violence physique sur les femmes et mariage précoce chez les jeunes filles sont autant de défis à relever dans cette région où la quasi-totalité des bâtiments publics sont pillés, aussi bien que les établissements scolaires...».

Autant de besoins non satisfaits que pourront soulager les dizaines de cartons de kits de santé maternelle, post-viol et de prise en charge des Infections sexuellement transmissibles (IST) que l'UNFPA a saisi l'occasion de ce déplacement de la délégation onusienne pour acheminer au centre hospitalier de la ville.

T. N. c'est cette autre victime, violentée, selon elle, par des éléments du Séléka, pour avoir manqué de payer l'amende de 20.000 FCFA (environ 40 dollars US) qui lui a été infligée à la suite d'une bagarre entre son fils et un de ses camarades d'école.

Punition ou racket, toujours est-il que cette pratique, connue sous le nom « formalité » relève du système de la débrouillardise instauré par les éléments du Séléka à l'intérieur du pays, consistant à « prélever des taxes » sur les populations pour compenser l'absence de salaires mensuels.

A cet effet, des barrières sont érigées, des jugements rendus, des amendes fixées selon la gravité du cas, depuis que bon nombre de représentants de l'administration centrale, notamment des agents du trésor public et des magistrats, ont déserté les lieux, laissant sur place une population sans alternative, sinon contrainte de coopérer.

Aujourd'hui, la caravane de la paix, les cellules de médiation, les différents ateliers sur la cohésion sociale et la réconciliation, ne sont plus que des souvenirs lointains de ce qu'étaient les acquis, à l'époque, du programme de la consolidation de la paix, de même que les engagements du gouvernement centrafricain obtenus à l'issue de la visite de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour les violences sexuelles en conflits, Mme Hawa Bangura.

Dans un communiqué conjoint Gouvernement-ONU rendu public à l'époque, les engagements pris portaient essentiellement sur « la lutte contre l'impunité pour les crimes de violences sexuelles, la protection des femmes, garçons et filles contre les violences sexuelles dans le contexte d'une surveillance efficace des accords de paix».

Des engagements qui réapparaissent aujourd'hui, plusieurs mois plus tard, sous forme de doléances auxquelles le chef du Bureau intégré des Nations unies pour la Consolidation de la paix en République centrafricaine (BINUCA) se propose d'apporter des réponses urgentes, pour que hommes, femmes et enfants de l'arrière-pays ne se sentent point abandonnés à leur sort, en raison d'une inaction qui serait alors synonyme d'affront... un de trop, ici à Bria, là-bas à Bambari (Centre) et à Bouar (Nord-Est) que la délégation du Système des Nations unies avaient auparavant visitées.

PANA PI (Piettette Ikavi)/SSB 12septembre2013